Ré)inventer l’existant : les architectes de demain imaginent notre avenir post-carbone
Le concours imaginé par la DRAC et la DRIEAT Île-de-France à destination des étudiants en écoles d’architecture en 2022 a suscité de nombreuses propositions. Les plus réussies d’entre elles sont exposées au Pavillon de l’Arsenal à Paris du 10 au 22 octobre 2023.
En Île-de-France, le secteur du bâtiment est responsable de 68 % des consommations énergétiques et de 45 % des émissions de gaz à effet de serre. L’urgence climatique pousse donc à questionner les manières de construire et à imaginer les adaptations nécessaires du bâti existant — en allant au-delà de la seule amélioration des performances thermiques des bâtiments — pour atteindre une neutralité carbone à horizon 2050.
Les architectes au cœur des enjeux climatiques
Les architectes ont à cet égard un rôle crucial à jouer. C’est pourquoi la DRAC et la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT), engagées depuis 2021 dans une démarche partenariale visant à mettre en cohérence les politiques publiques de l’État sur le bâti et le cadre de vie, ont imaginé un concours annuel à destination des étudiants en écoles d’architecture franciliennes.
L’objectif de ce concours, construit en partenariat avec le Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Île-de-France, Ekopolis, les CAUE franciliens et le réseau ENSAéco de l’enseignement des écoles d’architecture engagées dans la transition écologique, et associant étroitement les sept écoles nationales supérieures d’architecture de la région, est de mobiliser l’ensemble de la communauté professionnelle autour de l’enjeu climatique et de sensibiliser les nouvelles générations d’architectes —déjà très attentifs à cette problématique.
Pour Laurent ROTURIER, directeur régional de la DRAC Île-de-France : « Le concours est porté par deux services de l’État sous l’égide du préfet de région, mais il tire aussi sa force de ses nombreux partenaires, qui représentent les différentes sphères de la communauté professionnelle en charge de la conception architecturale et de la transition écologique. Il permet à cette communauté de travailler de concert sur l’enjeu climatique, en faisant le pari de l’avenir« .
Un concours porteur d’une vision : rénover plutôt que démolir
Le concours vise à démontrer que le « déjà-là », c’est-à-dire le bâti existant, possède des capacités d’adaptation insoupçonnées. L’a priori selon lequel seul le neuf peut répondre aux défis climatiques doit être nuancé par le fait qu’il est possible de rendre nos bâtiments existants sobres et durables, sans démolir ni tout reconstruire. Rénover plutôt que démolir réduit en effet l’impact carbone de l’activité du bâtiment, et constitue un levier majeur de l’aménagement durable des territoires.
Le bâti existant, qui doit à terme obéir aux mêmes exigences environnementales que les constructions neuves, est aussi une richesse pour le territoire régional avec des typologies architecturales et urbaines variées qui font la qualité de nos cadres de vie — avec parfois des bâtis anciens à haute valeur patrimoniale.
Pour Emmanuelle GAY, directrice régionale de la DRIEAT Île-de-France : « La région concentre 450 millions de mètres carrés de bâtiments. Or seulement 1% de ce parc est renouvelé chaque année et mis aux normes les plus strictes d’efficacité énergétique. C’est donc sur le stock, sur la rénovation de l’existant, que nous devons concentrer nos efforts ».
Une première édition prometteuse
Ouvert aux étudiants en architecture des 1er et 2e cycle qui peuvent concourir seuls ou en équipe (voire en association avec des étudiants issus d’autres formations : art, design, bâtiment, ingénieirie…), le concours donne lieu à une proposition qui doit être obligatoirement conçue sous la responsabilité d’un ou plusieurs enseignants qui traitent ce projet dans le cadre de leur enseignement. Cette mécanique de projet permet ainsi d’associer très étroitement les équipes pédagogiques au concours.
L’appel à candidature, ouvert en février 2023, a mobilisé 15 équipes enseignantes issues de 5 écoles d’architecture et généré 25 projets d’étudiants, qui ont été examinés par un jury de professionnels le 28 septembre 2023.
Les critères pris en compte sont l’analyse et le diagnostic de l’existant, la démarche de projet (du diagnostic à la proposition architecturale), la qualité architecturale, le confort (entre performance énergétique et ambiances thermiques), et des bonifications valorisant une approche intégrée des enjeux de la transition écologique et du développement durable.
Les 10 projets les plus remarquables sont exposés au Pavillon de l’Arsenal à partir du 10 octobre, parmi lesquels seront désignés les trois lauréats (catégories Licence, Master, Projet de fin d’étude) et une mention spéciale du jury, qui bénéficieront d’une dotation financière (15 000€ de prix à répartir entre les lauréats).
L’exposition à découvrir au Pavillon de l’Arsenal
Grâce au Pavillon de l’Arsenal, partenaire du concours, les 10 projets finalistes sont exposés du 10 au 22 octobre 2023 et constituent l’une des temps forts des Journées nationales de l’architecture en Île-de-France (13-15 octobre).
L’exposition comprend la présentation de l’ensemble des projets au travers de leurs trois planches graphiques, et met en exergue les trois lauréats et la mention spéciale du jury — qui seront révélés lors du vernissage le 10 octobre à 18h30. Un livret accompagne l’exposition.
Cette exposition a été conçue pour pouvoir être présentée dans les écoles d’architecture de la région et les institutions partenaires, de manière à accompagner la 2e édition du concours en 2023-2024. Des conférences et des visites de projets seront proposées aux étudiants, aux équipes pédagogiques et aux différents réseaux professionnels de la transition écologique.
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