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Accueil Chercheur Atelier matière à construire : retours d’expériences

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Type de data

> Activité Recherche, Partenaire du Réseau

Cible

> Chercheur

Domaine institutionnel

> ARCHITECTURE

Auteur

> amàco

Tiers de rattachement

> amàco

Année de conception

> 2017

Thématiques

> matériaux

> expérimentation

> co-construction

Domaine Programmatique :

Habitat.

Statut :

en cours.

Intervention dans le cadre d’une table ronde le vendredi 07 juillet 2017 au sujet de « Quelles pratiques collaboratives pour apprendre et entreprendre ? » à l’ENSA de Lyon.

 

L’atelier matières à construire, amàco, né d’une initiative d’excellence en formations innovantes (IDEFI), a pour objet d’être un centre de formation et d’expérimentation sur la matière, au croisement des cultures scientifiques, techniques, artistiques et architecturales. Dans ce domaine, amàco mène des activités de recherche appliquée, de formation, d’enseignement, de diffusion des connaissances, d’expertise et d’accompagnement d’opérations réelles visant la construction avec les matières premières disponibles sur les territoires. Il est soutenu et porté par quatre partenaires qui sont l’ENS d’architecture de Grenoble et le la­boratoire CRAterre-AE&CC, l’école d’ingénieur.e.s INSA Lyon, l’école de physicien.ne.s ESPCI Paris, ainsi que la plateforme d’expérimentation à échelle réelle des Grands Ateliers, où se situent les locaux d’amàco.

L’offre de formation amàco s’adresse à différents publics et touche à la fois des étudiant.e.s en écoles d’ar­chitecture, en école d’ingénieur.e.s, des professionnel.le.s du monde de la construction et le grand public. Les formations sont conçues au sein et/ou avec des établissements de formation, en partenariat avec des enseignants et/ou une équipe pédagogique. Elles sont conçues sur des durées très courtes et ponctuelles (quelques heures), prennent la forme d’intensifs d’une semaine, ou encore accompagnent un semestre d’en­seignement dans sa totalité. Une équipe d’une dizaine de formateur.rice.s ayant des spécialités recherche, architecture, ingénierie, construction, artisanat, art ou ingénierie pédagogique, co-conçoit les formations où l’interdisciplinarité est de mise. Depuis 2012, amàco a formé près de 11.000 apprenants, auprès d’une tren­taine d’établissements partenaires.

Les contenus et méthodes pédagogiques amàco confrontent les différentes natures, fonctions et utilisations de la matière brute et peu transformée dans le domaine de la construction. Le parti pris d’amàco est de dé­buter ses programmes d’enseignement par la construction à l’échelle de la matière plutôt que du matériau, afin d’emprunter des passerelles entre différents matériaux tels que, par exemple, béton de ciment et béton d’argile. L’apprenant aainsi toutes les clés en mains pour imaginer une construction dont les ressources matérielles et humaines se trouvent à portée de main d’un chantier et souvent hors-catalogue. L’approche matière devient ainsi une source d’inspiration infinie, à la mesure des combinaisons esthétiques, techniques, environnementales et socio-culturelles proposées par un territoire. Le critère du « développement durable »évoluant alors de contrainte réglementaire à source de créativité.

Pour amàco, cette approche implique de proposer aux apprenants de sortir des sentiers battus, afin qu’ils ima­ginent comment construire avec des matériaux qui ne dominent pas le marché, ou dont les filières n’existent pas encore. Cela signifie que les apprenants considèrent ces matériaux comme répondant aux besoins et exigences de la construction contemporaine. Souvent associé à un changement de regard ou d’habitude, à une prise de conscience et de confiance, ces enseignements nécessitent un apprentissage profond tou­chant aux différents domaines cognitif, affectif et psychomoteur. Pour cette raison, la pédagogie amàco dans le domaine de l’enseignement de la construction durable repose sur l’exploration de la matière sur quatre piliers : la science des matières à construire, le langage de la matière à travers l’art, les techniques de trans­formation de la matière en matériau, et l’architecture. En terme de moyens pédagogiques, cela signifie pour amàco d’utiliser à la fois l’expérimentation scientifique et technique, la créativité, l’apprentissage par le corps et par les émotions, ainsi que l’apprentissage collaboratif.

Deux exemples de formations montées en partenariat entre amàco et des écoles d’architecturepermettent d’illustrer ce propos : l’atelier intensif de 5 jours« Jeux d’Adobes »et le cours magistral matériaux de L1 de l’ENSA Clermont-Ferrand.

Dans les ateliers comme dans les cours magistraux, amàco apporte toujours des enseignements théoriques. Ils prennentla forme de conférences expérimentales, de vidéos et de visuels soignés. Ils sont basés sur la science des matériaux, sur des exemples d’architecture vernaculaire, sur l’esthétisme de la matière, sur des expériences contre-intuitives. Ils ont pour but de susciter la curiosité et l’émerveillementet de semer le désir d’apprendre. de ces matières ou matériaux.

Pendant les ateliers de type Jeux d’Adobes, l’approche artistique est abordée lors de séances de créativité, puis d’expérimentations libres à partir d’une bibliothèque de matières. Dans le cours magistral, les étu­diant.e.s partagent leurs ressentis sur des oeuvres d’artistes travaillant la matière.

L’intelligence du corps est tout aussi importante que la théorie dans la compréhension de la matière. Elleest aussi bien mobilisée dans les ateliers pratiques que dans les cours magistraux, notamment à travers des exercices sensoriels de découverte de la matière où les étudiant.e.s ont les yeux bandés. Dans les ate­liers, l’expérimentation mobilise également cette intelligence psychomotrice, par exemple lors d’exercices de mise en pratique de techniques de construction. Dans les cours magistraux, l’utilisation de vidéos montrant des étudiant.e.s en train de réaliser des exercices pratiques ou des démonstrations proposées par les étu­diant.e.s eux-mêmes devant leurs congénères, favorisent l’activation des neurones miroirs et donc un certain apprentissage psychomoteur, sans pratique.

Finalement, la prise de conscience et la prise de confiance requièrent de lier vision du monde et mise en pratique. Cela passe par l’exploration de travaux d’architectes contemporain.e.s utilisant ces ressources, de retours d’expérience, et évidemment par la réalisation de preuves lors de mise en oeuvre à l’échelle réelle de ces matières ou matériaux.

Le « développement durable »s’appuyant également sur des aspects sociétaux et de vivre ensemble, être en mesure de travailler avec des approches interdisciplinaires et d’y apporter sa propre contribution disciplinaire est indispensable pour répondre aux enjeux de cette société complexe. C’est pourquoi, au cours des ateliers ou cours théoriques, des clés sont données aux étudiant.e.s pour travaillent ensemble et faire émerger des solutions co-construites, plus puissantes que le savoir individuel.Pour cela, les formateur.rice.s adoptent une posture bienveillante à l’égard de l’erreur.. Ils partagent les objectifs pédagogiques afin de rendre les étu­diant.e.s acteurs de leur apprentissage.

Finalement, dans un monde où l’individu est déraciné de son substrat, tout l’enjeu est ici qu’il acquière une confiance, à travers son corps et son intuition, que des solutions viables et réalistes existent pour construire mieux et durable et qu’il est lemieux placé pours’y engager.

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